Les TCC qu’est ce que c’est ?
(Article du Dr Adeline Gomez, psychologue clinicienne, psychothérapeute cognitivo-comportementaliste)
Les thérapies cognitives et comportementales ou TCC sont une forme de psychothérapie qui peut être proposée par des psychologues ou des psychiatres, plus exceptionnellement par des médecins généralistes (des infirmiers peuvent aussi utiliser des techniques venant de la TCC sans pour autant pouvoir proposer des psychothérapies).Elles visent à résoudre des problèmes psychologiques. Il existe de nombreuses formes de psychothérapies (les thérapies psychanalytique, humaniste, systémique, interactionnelle et interpersonnelle).
Particularités des TCC
Une approche scientifique
La particularité des TCC proposées par certains psychologues formés, c’est qu’elles s’appuient sur la psychologie scientifique. Les techniques proposées lors des TCC ont été développées à partir de connaissances établies par des expériences scientifiques. Dit autrement, comme la médecine, les TCC sont fondées sur des preuves scientifiques.
Une efficacité démontrée
En outre, l’efficacité des TCC a fait l’objet de nombreuses études (vérifiez sur Pubmed) en psychologie. En 2004, l’Inserm a publié un rapport comparant les psychothérapies cognitivo-comportementales, familiales et psychanalytiques brèves (http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/57). Ce rapport a établi la preuve scientifique d’une plus grande efficacité des TCC pour de nombreux troubles (e.g., Agoraphobie, Trouble panique, Trouble de l’anxiété généralisée, Phobie sociale, Stress post-traumatique, Trouble obsessionnel compulsif, Dépression, Personnalité borderline, Alcoolodépendance, Boulimie). Les TCC peuvent être utilisées seules ou en association avec un traitement médicamenteux.
Basées sur les théories cognitive et comportementale
Les TCC sont dites « cognitives » et « comportementales » parce qu’elles utilisent des techniques thérapeutiques basées sur la théorie cognitive et sur la théorie comportementale. Elles se basent également sur les neurosciences (e.g., des études ont montré des changements dans la connectivité cérébrale après une thérapie réussie).
- Les techniques cognitives, dites de restructuration cognitive, utilisées par le psychologue cognitivo-comportementaliste visent à apprendre à la personne qui vient consulter comment modifier sa façon de penser et ses émotions. Selon la théorie cognitive, nous avons tous des croyances sur nous-même, sur le monde et sur les autres. Ces croyances influencent la façon dont nous percevons, dont nous interprétons et dont nous réagissons à tous ce que nous vivons. L’objectif de la restructuration cognitive menée par le psychologue va être d’une part, de développer la capacité à considérer ces croyances comme de simples hypothèses qui ne reflètent pas la réalité ; d’autre part, de développer des croyances plus souples, moins rigides, qui nous font moins souffrir et qui nous aident à nous adapter. La modification des schémas de pensée (schémas cognitifs) d’un individu entraîne une évolution de sa façon d’interpréter la situation qui à son tour entraîne un changement émotionnel et comportemental vis à vis de cette situation.
- Les techniques comportementales utilisées par le psychologue cognitivo-comportementaliste visent à apprendre à la personne qui vient consulter comment modifier un comportement qu’elle souhaite changer (les techniques d’exposition par exemple sont utilisées pour le traitement des phobies. Leur principe est de confronter progressivement le patient à la situation qui l’effraie pour qu’il apprenne à contrôler ses peurs). Ces techniques se basent principalement sur les théories de l’apprentissage (conditionnement classique et opérant, et apprentissage social). Selon ces théories, nous avons appris la plupart de nos comportements. La majorité des comportements que nous avons appris sont bénéfiques et nous souhaitons les conserver, mais il arrive parfois que certains comportements ne soient plus adaptés, qu’ils nous posent problème et que nous souhaitions nous en débarrasser. L’objectif des techniques comportementales va être, soit de désapprendre ces comportements inadaptés, soit d’apprendre de nouveaux comportement plus adaptés.
Lien entre les dimensions cognitive, comportementale et émotionnelle
« Le psychologue TCCiste » considère que nos pensées, nos émotions et nos comportements sont liés. La façon dont nous pensons influence à la fois ce que nous ressentons et comment nous agissons. Mais réciproquement, la façon dont nous agissons influence ce que nous ressentons et ce que nous pensons. Ainsi, qu’elles soient cognitives ou comportementales, les techniques utilisées par le psychologue TCCiste visent à modifier à la fois les dimensions cognitive, comportementale et émotionnelle de la psychologie humaine.
L’approche TCC ne considèrent pas que nous sommes à l’origine de tous nos problèmes. Nous sommes constamment influencés par notre environnement, c’est-à-dire par les événements et par les personnes autour de nous. Néanmoins, lorsque nous ne pouvons pas agir sur notre environnement, nous pouvons agir sur notre façon de le penser, d’y réagir et de le ressentir.
Dans l’ici et maintenant
Selon la perspective des TCC prendre conscience des « traumatismes déclenchants » et de l’origine du problème n’est pas suffisant pour le résoudre. Parfois même ce n’est ni possible (faux souvenirs), ni nécessaire. L’origine du problème est souvent multifactorielle (à la fois psychologique, biologique et sociale). En TCC le changement attendu provient essentiellement d’apprentissages et de désapprentissages.
Un thérapeute actif
Le thérapeute cognitivo-comportementaliste est actif. Il questionne, il fait part de ses hypothèses, il les explique, il propose des techniques, il donne des exemples et des tâches. Bien qu’il cherche parfois à mettre en évidence des pensées non-conscientes et automatiques, celles-ci n’ont rien à voir avec l’inconscient freudien, avec le complexe œdipien, etc. L’approche cognitive et comportementale ne reconnait pas l’existence de ces concepts.
Les TCC ont une visée pédagogique
Un aspect très important des TCC, c’est leur visée pédagogique. Un de leurs objectifs est d’apporter aux personnes qui consultent des informations et des techniques qui leur permettront de devenir progressivement leur propre thérapeute afin de continuer à combattre leurs problèmes même lorsque la thérapie sera terminée.
Le déroulement de la thérapie
Un rapport collaboratif
La relation est un aspect central de la psychothérapie. En TCC la relation est dite « collaborative ». Ce qui signifie que le thérapeute et la personne qui le consulte travaillent ensemble, comme deux chercheurs, pour résoudre un problème. Une bonne alliance entre le thérapeute et la personne qui le consulte est une condition, qui n’est pas suffisante, mais qui est nécessaire à l’atteinte des objectifs thérapeutiques. Pour favoriser et maintenir cette alliance, le thérapeute veille à se montrer empathique (c’est-à-dire à bien comprendre la réalité de la personne), authentique (c’est-à-dire à se montrer tel qu’il est et à accepter ce qu’il ressent), chaleureux (c’est-à-dire être agréable et bienveillant), mais aussi compétent.
Durée de la thérapie
Les TCC sont des thérapies brèves. Elle se déroulent généralement sur dix à vingt-cinq séances de 45 minutes à une heure pour les problématiques telles que, l’agoraphobie, le trouble panique, le trouble de l’anxiété généralisée, la phobie sociale, le stress post-traumatique, le trouble obsessionnel compulsif, la dépression, l’alcoolodépendance, etc. Les troubles de la personnalité (e.g., trouble de la personnalité paranoïaque, trouble de la personnalité schizotypique, trouble de la personnalité borderline) peuvent nécessiter une année ou plus de thérapie. Dans le cas d’un trouble de la personnalité une thérapie des schémas peut être appropriée (en savoir plus).
La thérapie est structurée
Elle est constituée de différentes étapes clairement définies.
Les premières séances
Elles sont dévolues à l’analyse fonctionnelle et motivationnelle, à l’élaboration du plan thérapeutique et du contrat thérapeutique.
- Analyse fonctionnelle et motivationnelle
Son objectif est de déterminer le problème et la manière de le traiter. L’objectif de l’analyse motivationnelle est d’évaluer la motivation et les résistances au changement. La résistance au changement étant un phénomène normal chez l’être humain. A partir de cette analyse, le thérapeute va présenter à la personne qui le consulte son hypothèse sur la nature de son problème et lui proposer un plan thérapeutique.
- Plan thérapeutique
Il précise les techniques qui devraient être testées pour résoudre le problème, leurs objectifs, et leur enchainement, mais aussi les phases d’évaluations des résultats et le nombre de séances estimé. Si nécessaire des séances d’entretien motivationnel peuvent être programmées avant les techniques visant directement à résoudre le problème afin d’augmenter la motivation et faciliter le processus de changement qui va être initié (cependant, si le thérapeute favorise le changement, c’est la personne qui vient consulter qui est le véritable agent du changement). Après concertation avec la personne et modification du plan si nécessaire, le thérapeute et la personne vont établir un contrat thérapeutique.
- Contrat thérapeutique
Le contrat thérapeutique n’a aucune valeur légale. Il témoigne seulement de l’engagement pris à la fois par le thérapeute et par la personne à collaborer ensemble afin de résoudre le problème et à se conformer au plan qu’ils ont établi.
Les séances de travail psychothérapeutique
Les techniques programmées dans le plan sont expliquées et réalisées lors des séances. Comme tout nouvel apprentissage, l’acquisition de ces techniques nécessite un véritable entrainement. Ainsi pour être efficaces et susciter un changement (dans notre façon de penser, de ressentir et d’agir), elles doivent aussi être réalisées quotidiennement entre les séances. Au fur et à mesure des séances, et en fonction des progrès réalisés, le thérapeute augmente progressivement la difficulté des techniques, et il veille à susciter et maintenir la motivation.
Une séance classique débute par un résumé de la séance précédente, une revue des techniques réalisées au domicile, la présentation et la réalisation d’une nouvelle technique, le résumé de la séance et la programmation des techniques à réaliser à domicile. Les techniques peuvent être cognitives (activités mentales), comportementales (actions à réaliser), mais il peut s’agir également de techniques de relaxation et de méditation.
Évaluations des résultats
Avant le début de la thérapie, puis au cours et à la fin de celle-ci les évaluations des résultats programmées dans le plan thérapeutique sont réalisées. Ces évaluations ont pour but d’adapter la difficulté des techniques et de déterminer si les objectifs prévus à chaque étape sont atteints. Si les objectifs ne sont pas atteints des techniques qui n’étaient pas initialement programmées peuvent éventuellement être testées (les techniques doivent être adaptées au progrès mais aussi à la personne qui consulte).